« Coquetel » pour une boisson française servie dans un coquetier et arrivée en Amérique au XVIII° siècle, « caqueter » pour les bavardages autour d’un verre plein, « colla de gallo » ou « cock’s tail » pour évoquer une « queue de coq » utilisée pour mélanger les ingrédients… autant d’étymologies pour une même réalité : le cocktail est coloré, a un goût original et ne ressemble à aucune boisson déjà existante.
Il n’y a guère de doute : le cocktail tel que nous le connaissons à l’heure actuelle est né à la fin du XVIII° siècle. Mais le mélange de breuvages, alcoolisés ou non, est bien plus ancien. Les Grecs mélangeaient vin et miel, les Romains ne buvaient jamais le vin pur. Rien cependant qui ne ressemble vraiment à la multiplication, au XIX° siècle, de boissons aussi différentes les unes que les autres. Le tout premier cocktail serait né en 1803 en Géorgie ou en 1809 Virginie sous le nom de Mint Julep. Une autre légende raconte que, en 1779, une certaine Miss Betty Flanagan, tenancière de taverne près de Yorktown, invente un breuvage qu’elle sert dans une bouteille en forme de queue de coq aux soldats de Lafayette venus aider l’Amérique naissante.
Une chose est sure : un mouvement est lancé. En 1862, un premier livre parait sur le sujet et recense des recettes de cocktails. En 1906, la presse, avec The Ballance, s’empare de cette nouvelle mode. Il aura fallu un siècle, mais c’est désormais acquis : le mélange de breuvages et les originalités qui en résultent plaisent au public. Une grande figure, celle de Jerry Thomas, barman américain du XIX° siècle, créateur selon certains du Martini, peut développer tous ses talents. En France, c’est le peintre Toulouse-Lautrec qui, à la fin du même siècle, se forge une petite réputation en servant des cocktails à ses amis. |
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C’est dans ce faste naissant, des années 1920 et 1930, qu’intervient la prohibition. Et parmi ses effets, il en est un dont on parle peu dans les livres d’histoire. Le peu d’alcool encore disponible dans les pharmacies et le commerce est traqué, utilisé, transformé, mélangé par des Américains avides de consommer ce qui est interdit. C’est la culture de la nuit et de l’imaginaire. Les cocktails fleurissent. Et ne disparaîtront plus. |